[Privé: Sunny Radiant] A l'aube d'une nouvelle vie...

Après avoir pris le soin de fermer la porte à double tour, je retirai la clef de la serrure, et m'en allait sur le chemin pavé. Les maisons étaient étonnantes, toutes plus grandes les unes que les autres, et la richesse de leurs propriétaires pouvait sans doute être comparable à leurs tailles.

Ayant à peine commencé à fouler les dalles qui jonchaient le sol, je me retrouvais face à l'immensité de la capitale: une multitude de poneys tous mieux vêtus les uns que les autres marchait non sans nonchalance, la tête haute, et discutait avec un ton des plus orgueilleux, et tandis que la ville s'activait, une question vint me traverser l'esprit:

"Finalement... n'est-ce pas pire? Comment, moi qui ne suis pas noble pour deux sous et qui n'ai même pas de jolie robe, pourrai-je un jour intégrer cette cité?"

Tandis que certains badauds gênaient le passage des poneys pressés, je me frayais un chemin parmi les représentants de la haute société. Le vacarme devait être présent à chaque heure de la journée, dans l'allée principale, celle dans laquelle je marchais à présent. Je me rendais compte de ma chance en réalisant que l'emplacement de ma maison était idéal: bien qu'elle soit proche du centre, les nuisances sonores étaient moindres.

Traversant un océan de poneys, je me sentais de plus en plus mal à l'aise. J'avais toujours regardé les foules comme d'immenses flaques de boues, aussi m'étais-je toujours assurée de ne pas poser le sabot dessus. Je me sentais un peu coupable de fuir la masse, et percevais dans cette attitude une forme d'égoïsme que je ne pouvais assumer. C'est en ordonnant ces pensées dans mon esprit que je me rendis compte que je vivais à présent au chevet des deux princesses, et que je me risquais fort à les croiser, sans forcément les voir. Vivre dans la capitale était sûrement excitant, mais à quel prix!

Je devais me résoudre à trouver du travail, sans quoi je n'aurais pu subvenir à mes besoins dans un futur proche. Papa et maman avaient du investir une bonne somme dans ma maison, et ne voulant pas être un poids financier pour eux, mais plutôt leur faire honneur en devenant une ponette accomplie et responsable, j'allais donc prendre une initiative décisive. Cette cité était la plus grande et la plus moderne que je n'avais jamais visitée... Et il me restait tant de choses à voir! Les boutiques, les ateliers et les cafés chics étaient si nombreuses qu'il devait bien y avoir des recrutements d'employés. Mais la priorité allait forcément aux licornes, elles qui sont si précises et efficaces dans leur travail. Bien que désolée de cette réalité, je continuais mon chemin, sourire au lèvres.

"Même si je ne suis même pas digne de porter le nom de pégase, je me battrais! Ce ne sont pas quelques préjugés qui m'abattront! Ma nouvelle vie ne ressemblera en aucun cas à mon ancienne!", songeai-je.

Pressée d'obtenir quelques renseignements sur un travail, même à mi-temps, je pensais recourir aux potentiels écriteaux sur les seuils des échoppes et auberges. Je m'aperçus rapidement qu'aucune de celles-là ne mentionnaient rechercher de travailleurs, et après avoir longé deux boulevards, je choisis une autre option. Pourquoi ne pas simplement demander à un riverain de l'aide?

J'aperçus une petite pégase aux couleurs or et argent qui me semblait familière: après réflexion, je réalisai que je l'avais déjà croisée, à la place du garde qui se tenait non loin de là. Elle qui devait passer plusieurs heures par jour dans les rues de Canterlot, pouvait-elle sans doute m'aider! Elle ne me semblait pas méchante. C'est sur cette réflexion que je m'approchais d'elle, et m'empressai de la saluer.

"Excusez-moi, heu, bonjour..."